Le télétravail a de nombreux avantages :
Il fait gagner du temps, de la productivité et du bien-être… Son développement est avant tout une question de confiance.
Le télétravail a fait récemment son entrée dans le code du travail (article L 1222-9) par la loi Warsman du 22 mars 2012.
Il était temps de faire quelque chose quand on sait que moins de 10% de la population active recourt au télétravail en France, alors qu’en 2007 la Finlande dénombrait déjà 32,4% de télétravailleurs, les Etats-Unis 27,6%, la Suède 26,8% et l’Allemagne 18,8%.
Télétravail : la France en retard
Mais pourquoi les Français sont-ils tellement en retard ? Est-ce vraiment une question de vide juridique ?
Les premières fois où j’ai été amenée à aborder la mise en place du télétravail en entreprise, mes interlocuteurs m’ont regardée de travers et rejeté tout de go l’idée à coup d’arguments du type : « Ah, mais non, moi j’ai besoin de lui près de moi, c’est plus pratique », « comment je vais savoir s’il travaille vraiment ? », etc. Effectivement, la mise en place du télétravail suppose la CONFIANCE des deux parties et un changement de mode de management.
L’étude menée par le Centre d’Analyse Stratégique à la demande de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors Secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, montrait que les principaux leviers du développement du télétravail en France se situent hors du cadre juridique et sont au nombre de quatre :
– une évolution de la culture managériale française.
– une meilleure connaissance des gains envisageables grâce au télétravail, et plus généralement grâce aux TIC.
– la mise à disposition d’infrastructures numériques de qualité à l’échelle du territoire.
– une réflexion sur les questions de sécurité des données et de gestion de la vie privée.
Avantages du télétravail : 3 bénéfices majeurs
– il fait partie des outils qui permettent d’améliorer l’articulation entre la vie privée et la vie professionnelle, notamment en réduisant le temps de transport
– il participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et soulage la congestion urbaine
– il peut représenter une économie de locaux et des gains de productivité.
Sur ce dernier point, je vous recommande la lecture du Telegraph (voir dans l’onglet « Actu RH ») qui titre « Travailler de la maison est plus productif » pour relater les résultats d’une expérience menée en février dernier sur le télétravail auprès de 3000 salariés de l’entreprise de télécommunication britannique 02. Cette expérience avait pour objectif d’entraîner le personnel à gérer les perturbations qu’il subira lors des Jeux Olympiques. Tous les salariés ont dû travailler de chez eux pendant un mois et les résultats sur cette si courte période sont impressionnants :
– Près de 11 000€ (9000 £) ont été économisés en frais de transport ;
– Près de 2000 heures habituellement passées dans les transports ont été dégagées et réutilisées pour 50% d’entre elles en heures supplémentaires de travail et les autres 50% « pour dormir et se relaxer ».
– 14% des salariés ont déclaré avoir pu consacrer plus de temps à leur famille
– Plus d’un tiers (36%) d’entre eux se sont déclarés plus productifs que sur leur lieu de travail.
Suite à cette expérience concluante, Ben Dowd, directeur commercial de O2, a déclaré : «Les principes qui sous-tendent la flexibilité du travail sont capitaux pour le futur, ils détermineront la façon dont les gens, la technologie et les bâtiments devront interagir dans les décennies à venir».
Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft international, avait lui aussi quelque temps auparavant livré une analyse éclairante de cette nouvelle donne dans un article publié par le site de la BBC en février : : « les entreprises doivent opérer une transformation radicale de leur culture en misant sur la transparence et la confiance pour que les technologies de l’information réalisent leur plein potentiel révolutionnaire » en matière de ressources humaines et permettent un renouvellement de la croissance par une flexibilité au service du bien-être au travail. »
Télétravail : qui séduit-il ?
Le télétravail est attractif pour les nouvelles générations avec «près des trois quart (70%) des étudiants pensant qu’il n’est pas nécessaire d’aller régulièrement « au bureau » et un quart considérant qu’ils seraient plus productifs en travaillant depuis chez eux (voir article dans l’onglet ACTU RH) ».
Il est également attractif pour les seniors qui resteront plus longtemps en entreprise. Pour rappel, en 2005, un individu sur cinq était âgé de 60 ans ou plus en France métropolitaine ; le rapport sera de un sur trois en 2050, selon les projections de l’INSEE. Les parents le plébiscitent également (cf. étude menée par l’Observatoire de la parentalité »).
Télétravail, les conditions de sa réussite :
Le télétravail est en marche mais requiert une mise en place bien explicitée qui respecte un certain nombre de règles, comme par exemple celle du « double volontariat », de la réversibilité (éléments repris dans la loi du 22 mars 2012), des critères de décision quant à son octroi ou non, du suivi des résultats et du maintien du lien social et de la notion d’équipe.
L’étude du Centre d’Analyse Stratégique avait d’ailleurs souligné que « les marges principales de progression du télétravail en France, comme à l’étranger, résident dans la diffusion du télétravail partiel, un à deux jours par semaine. En effet, un temps complet peut poser des problèmes d’isolement du salarié et réduire les gains de productivité associés au télétravail, le maximum de productivité étant atteint pour un ou deux jours de télétravail par semaine. »
La technologie nous donne les moyens de la flexibilité, les salariés – quel que soit leur âge – demandent cette flexibilité, mais la réussite du télétravail et le développement de la performance et du bien-être qui en découle ne peut être totale que si la culture d’entreprise s’appuie sur la confiance et la responsabilité individuelle qui va avec.
Si vous avez des expériences de télétravail, ou des commentaires sur l’article ou sur la loi du 22 mars 2012, n’hésitez pas à les partager.
Emmanuelle Foulonneau